Eclairs - Miguel Mesquita da Cunha & Brigitte Schùermans

Composites, spéculaires, les pages d’Eclairs scintillent par leur conjonction même. Miguel Mesquita da Cunha et Brigitte Schùermans en effet ne se contentent pas de leur rencontre à la jointure de deux régimes : entre le langage poétique et le langage pictural perdure une tension créative, qui les allie sans les confondre et crée ainsi un nouveau faire artistique.

Parmi leurs métamorphoses se manifeste la puissance des phénomènes : ceux du monde réel et ceux des contrées imaginaires, des réalités immédiates et des sphères métaphysiques. Loin de toute orthodoxie, les deux complices nous convient à en suivre les faisceaux. Et à la voix du texte la toile vibre de nouveaux feux, sidérante d’énergie. Tonnerres et météores.

Il en va de cette lecture comme d’une expérience interstellaire : les pages se muent en constellations, ici épicées aux filaments d’étoiles, là bruissant du bleu de la nuit, vers et formes riches en rebondissements, en surprises et paradoxes, en résonances de rythmes invisibles. Eclats de lumière et de matière, univers textuel et visuel où flamboient passions et pulsions, tantôt de tendresse, tantôt de violence.

Au soin apporté à l'expression du langage jusque dans sa théâtralité typographique répondent le contour et l’énergie des images. Le déploiement du vers de Miguel excite les formes que Brigitte brasse avec un éclectisme qui évoque les grands maîtres belges de l’étrange. Il en résulte un pulsant entrelacs entre les arts, unis et singuliers à la fois, accomplissant cet hymen (d’où procède le Rêve) dont parlait Mallarmé. Et cet hymen est proprement poétique.

Miguel et Brigitte inventent une nouvelle manière poétique. Dire & peindre l’inouï paraît d'abord de l'ordre de l'immanence. Mais peu à peu, tout naturellement, la dialectique ainsi instaurée s'élève vers l'éthique, et donc la métaphysique. L’éclair fulgure en augure d'avenir - en son dessein d’advenir…

Maria Cabral